Genre : Hip-hop, Divers
J’écris rarement des billets «
sensibles », sur ce blog. Certains sont parfois assez acerbes, quand
le groupe ou l’artiste passe à côté de son sujet, à l’image
du dernier album de The
Horrors par exemple. Mais certaines fois, comme c’est le
cas ici, le cas est plus complexe car l’artiste – DJ Shadow –
est on ne peut plus respecté, adulé par un bon nombre d’entre
vous, mais dénigré par d’autres, à juste titre, ou non.
En
sortant son chef d’œuvre « Entroducing », DJ Shadow a
immédiatement enfilé la casquette de demi-dieu de la musique
contemporaine, premier à avoir produit un album entièrement à base
de samples, initiateur du courant « abstract hip-hop », etc., etc.
L’engouement général pour le producteur était donc largement
mérité. Le second « The Private Press », passé à la moulinette,
engageait le premier changement du DJ vers une radicalisation de son
style. Le tempo est donné, DJ Shadow ne veut plus se cantonner à ce
qui l’a rendu célèbre, mais plutôt approfondir un style, ce qui
passe évidemment par une diversification musicale, une ouverture
d’esprit que tous ses fans de la première heure n’ont pas
forcément saisi. C’est ce qui lui a valu ces critiques
(principalement négative) à la sortie du (il est vrai) décevant «
The Outsider ».
Le mieux dans l’histoire, c’est que
Joshua Davis s’en fout. Royalement. Pour lui, on avance uniquement
en osant, en créant, et en défrichant des terrains inconnus. Je me
pose donc cette putain de question : la critique d’un album
doit-elle être strictement subjective ou au contraire fondée sur un
ensemble d’éléments qui permettent de comprendre le contexte ou
la valeur de l’artiste notamment ?
Chacun y trouvera sa
solution. En ce qui nous concerne, DJ Shadow balançait l’EP « I
Gotta Rokk » récemment, en préambule à ce futur album qui
s’annonce encore… différent. Là encore, les cœurs se brisent
et les critiques fusent. J’ai d’ailleurs été assez déçu du
conformisme de la toile et certains blogs qui n’ont décelé aucune
étincelle dans cet EP qui, s’il n’atteint pas des sommets, reste
d’une qualité supérieure. Et ce, malgré l’influence
pitchforkienne pourtant positive. Je n’ai pas forcément sauté au
plafond en écoutant des titres comme « I Gotta Rokk » ou « I’ve
Been Trying », mais cela m’a tout de même semblé de bon augure
pour la suite des évènements. Pourtant au-delà de la musique, le
producteur revient à ses premières amours de postes assez longues
(6’29 pour « I Gotta Rock », 7’38 pour « Def Surrounds Us »)
; morceaux dans lesquels les influences varient, du rock assez hard à
une sorte d’électro-glitch pimpée dans une ambiance générale un
peu psyché.
J’aime donc cette légèreté dont fait
preuve Shadow, cette douce naïveté, la tête baissé sur ses
machines, et cette force qui lui permet de suivre le chemin qu’il
souhaite. Je souhaite juste qu’on lui laisse sa chance.
Malheureusement, ce sera certainement la dernière pour beaucoup. Ou
la première pour d’autres.
Lien :
Neska