OUESTIME

Creestal 

 


Le Beatmaker Creestal nous vient tout droit de Marseille, DJ/ Beatmaker passionné de musique, arrivé dans l'univers du hiphop très jeune en 93 par le graffiti, il  a commencé à exprimer sa créativité en premier dans les arts graphique parrallement à la musique, au milieu des années 90.

 Premières platines en 96 puis la machine indispensable des beatmakers, la MPC2000 en 98. Il produit pour son  groupe karkan jusqu'un 2007, avec qui il a sorti un maxi vynil et un album en 2005 (vous pouvez trouver en téléchargement libre la tape intitulé 'lost tape' avec plus de 25 titres inédits du groupe).

Creestal a signé son album solo BEAT'EM ALL sur le label indépendant Parisien "JUSTLIKE", un album composé de 27 titres instrumentales basé sur le sampling, emprunt de soul, de funk, de jazz  "Beat'em All" fait référence essentiellement a la black music des années 60 a 80 mais aussi et surtout a ses influences directes, les pilier de la culture hiphop comme Marley marl, Pete rock, Primo, Dre, Rza... 

il a collaboré avec de nombreux artiste de la scène française comme SpeckoMilNamorLa Fine Equipe (la boulangerie) des remix pour Sat, Fantastic Planet (Matic from "The Other") et prépare actuellement un album commun avec MoShadee originaire du New Jersey, sous le pseudonyme de CM JONES.

 

Note de Creestal sur son approche artistique de son travail :  

J'aime décomposer les samples comme on découpe du papier pour recomposer et raconter une nouvelle histoire. Le beat doit être la plateforme de mes compositions, la rythmique est véritablement le squelette. J'essaie avant tout de trouver une énergie singulière, je peux passez plusieurs jours sur une basse et batterie et parfois je peux trouver un sample parfait qui se suffit à lui-même et qui me demandera juste 30 mn de travail, c'est la magie de la musique, je n'ai pas de recette particulière, je fonctionne au feeling. Autodidacte, J'essaie de développer mon propre univers, trouver une dimension esthétique et picturale à chaque son, c'est le moteur de mes créations

 

Avec pas moins de 6 sorties dont l’album 'BEAT'EM ALL',  et les 4 digitals albums'INSERT COIN', 2 productions avec 'RAIN ALL OVER THE WORLD' et'RIGHT BACK' avec CM jones, un remix 'Fantastic planet sniper'.Creestal reste particulièrement actif, de plus les pochettes sont toutes bien réussis!

Lien : 

https://creestal-art.com/musique/creestal/




Interview - Raoul Sinier 'The Melting Man'

 


Raoul Sinier – The Melting Man + Interview (Tigerbeat6)

Genre : Electronique, Drill, Hip-hop, Musique sale, Autre, Divers

Quelques mois seulement après la sortie de son dernier « Cymbal Rush / Strange Teeth & Black Nails », Raoul Sinier revient, des projets plein les poches, des idées plein la tête. Mais cette fois-ci, l’artiste semble s’être attaqué à quelque chose d’autre. Pas de révolution musicale à proprement parlé, mais bel et bien une évolution évidente. Ici, on écoute des productions plus lourdes, plus aplaties peut-être, toujours aussi efficaces, à un détail près : après la réalisation de ses pochettes d’album, de ses clips et bien entendu de ses productions, Raoul Sinier a désormais saisi le pouvoir des mots, celui de la voix, et nous bastonne tendrement les oreilles à la manière d’un Thom Yorke en ébullition.

Le premier morceau, « We Fly », porte bien son nom puisqu’on s’envole très facilement dans cet EP aux couleurs mélodiques, rapidement suivi par « We Fly Part. 2 », légitime petite sœur instrumentale qui nous permet d’allonger le plaisir. La moitié de cet EP étant déjà atteinte, c’est très curieusement que je découvre « All Night ». Raoul reprend sa formule efficace, en débutant le morceau par un breakbeat un peu crasseux, rapidement rejoint par un synthé guttural, et rebelote, la voix de l’artiste, plus grave que sur la première piste. Travaillée différemment, m’explique-t-il. On ne sait pas à quoi s’attendre et subitement, à la moitié du morceau, tout change. Alors on s’échappe vers une nouvelle dimension carrément plus électronique, avec de nouveaux courts samples de voix, et ce breakbeat qui s’envole encore au fur et à mesure avant de finalement fondre comme une épilepsie musicale. Le tout est architectural, assez gargantuesque, avalant tout sur son passage.

« The Melting Man » clôture cette belle ascension, sur une production plus calme, mais une voix déjà plus assurée qu’au début, plus audible aussi. Mais finalement, c’est bien le chant qui est obsédant sur ce nouvel essai très réussi. La comparaison avec Thom Yorke était bien entendu fallacieuse (quoi que !), un peu facile, mais elle reste évidente à plusieurs points de vue. Comme cette manière de presque fusionner instrumentale et voix pour ne former qu’un tout, pas un ensemble rapiécé. Celle aussi de laisser trainer cette voix bien travaillée sur de longues secondes, accompagnant les synthés fous et les rythmes mutants.

C’est donc un bien bel exercice qu’a réalisé Raoul Sinier avec ce nouvel EP. Rarement habitué à me décevoir, celui qui est devenu un grand monsieur de la scène électronique underground (sans rien de péjoratif) française risque d’encore nous surprendre sur l’album à venir fin juin, dont il me parle, entre autres, dans l’interview ci-dessous.

Adikt : Depuis que tu chantes sur certaines pistes désormais, est ce que ça change quelque chose pour toi au niveau de la composition musicale ?

Raoul Sinier : Je commence toujours par la prod. Ce qui a changé, c’est que je me sens moins le besoin de faire des compos super compliquées. Je peux le faire un peu plus cool. La voix habille énormément. La musique électronique est d’ordinaire super linéaire, et ça me fait chier. Mais quand il y a de la voix, ca change un peu la donne. Ce qui ne veut pas dire que je vais faire uniquement refrain/couplet/refrain/couplet, mais ça a changé pas mal les choses. Mais en ce qui concerne la manière de travailler, c’est toujours un peu pareil: je commence à faire la musique et ensuite seulement j’agrémente avec plein de détails. Mais en revanche, c’est pratiquement toujours la voix qui vient en dernier, quand l’ensemble est plus ou moins installé.

Adikt : Tu parles de musiques moins « compliquées ». Ca veut dire que c’est moins chargé ? Avec moins de détails ?

Raoul : Non. C’est surtout au niveau de la composition. Sur mon album précédent les morceaux changent toutes les cinq secondes. Il y a beaucoup de variations au niveau de la composition, beaucoup de cassures, etc. tout en gardant une structure cohérente. Là, il y en a un peu moins. Par contre, la musique est toujours aussi « complexe ». Avec le temps, j’en avais aussi un peu marre de mettre des batteries complètement surchargées, même si j’aime encore énormément ça. En fait, j’évite de faire toujours le même truc. Mes morceaux c’est souvent une espèce de montée, et à la fin je me retrouve avec 6 000 pistes !

Adikt : Même avec la complexité de la plupart des morceaux, tu restes l’un des artistes les plus prolifiques en France. Comment appréhendes-tu chaque nouvelle sortie ?

Raoul : D’abord, je tiens à préciser que si je suis très productif, finalement pas tant que ça. Cette année j’aurai probablement sorti 3 disques (2 EP et un album). Mais mon dernier EP date de 2009. Au final, ca fait une vingtaine de morceaux en 2 ans : c’est pas tant que ça. En ce qui concerne chaque nouvelle sortie, je ne réfléchis pas vraiment là-dessus. Je fais des morceaux et j’y vais. Au bout d’un moment, un truc se fait de lui-même. J’ai commencé par ce qu’on appelle du abstrakt-hip-hop, à défaut de meilleur terme. Après, je suis allé plus loin dans le coté électronique sur le deuxième album. Pour le troisième, c’était de la musique ultra compliquée et frénétique. Mais ce virage, je m’en suis aperçu en le faisant. Pour aller vers autre chose, je suis revenu vers des ambiances plus calmes. J’ai aussi commencé à chanter, et de plus en plus. Mais je ne me force jamais à aller dans une direction donnée. C’est surement ce qui rend le tout assez cohérent, puisque je me laisse aller à faire ce que je veux.

Adikt : Justement, as-tu l’impression d’avoir passé une nouvelle étape avec cet EP et l’album qui arrive (en juin, ndlr) ?

Raoul : Oui j’ai l’impression, mais pour moi c’est le cas à chaque nouveau disque. Ce n’est pas forcément un virage, car il y a toujours un fil rouge. Par exemple, le fait qu’il y aura désormais beaucoup de chansons, c’est assez différent par rapport à avant. Mais ça reste la même musique. Certains voient dans cette nouveauté un changement du tout au tout. Alors que pour moi, ce n’est pas vraiment le cas.

Adikt : Avec l’ajout de voix, tu as forcément du rebosser la technique !

Raoul : Oui évidemment. J’ai appris sur le tas, en demandant des conseils, mais surtout en le faisant. Par exemple, il y a un morceau sur la compilation « Tsunami Addiction » où ma nana chante dessus : on a enregistré sa voix avec le micro du PowerBook. Grosso modo, le pire truc de la terre. J’avais énormément de parasites, mais j’ai réussi à en faire quelque chose de bien. Bon, pour mon album j’ai quand même investi dans un micro et une carte d’acquisition. Mais cela dit ca reste un peu du bricolage. Et je fais en sorte que ca marche, en essayant de tirer parti des défauts. Dans l’album qui va sortir, j’avais mis beaucoup d’effets sur la voix, des dédoublages comme pour faire des chœurs par exemple.

Adikt : L’album qui sort en juin a été terminé avant ce nouvel EP ! Est-ce qu’on doit s’attendre à un petit retour en arrière ?

Raoul : Non, pas vraiment, même si je m’étais posé la question. L’album est beaucoup plus long, plus complet. Il sera plus varié aussi, avec des choses plus calmes, plus énervées, plus lentes, etc. Il y aura beaucoup plus de diversité, à tous les niveaux, le tout sur 10 pistes pour environ 50 minutes. J’ai d’ailleurs refait des morceaux un peu plus longs.

Adikt : Quels sont tes gros coups de cœur du moment ?

Raoul : En ce moment, ce n’est pas très original mais c’est le dernier album de Metronomy. J’ai trouvé ça super bien. Je suis allé écouter les albums d’avant, mais ils ne m’ont pas trop plu. Sur ce dernier projet j’ai trouvé le tout vraiment très subtil.

Adikt : Un dernier mot ?

Raoul : Pas de dernier mot. T’es toujours tenté de faire une espèce de blague pourrie… et ça ne marche jamais !


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Neska



Killa Carltoon - Addict

 


Artiste compositeur renommé de la scène reggae/ragga/hip-hop, Killa Carltoon est de retour dans le paysage musical français avec un nouvel opus après trois albums dans les bacs"Premier Chapitre" groupe OSP,1999,"Fleau-Style",2002, "Pm et Killa Carltoon" .

'ADDICT' est résolument plus orienté World Music, plein de fraîcheur et d'originalité.
Sens du gimmick, lyrics explosifs, flow (d)étonnant, il est une figure reconnue du ragga français. Dès le milieu des années 90, Killa écume les sound systems et participe à des tournées importantes, affirmant sa richesse musicale et une identité très forte.

Fort d’une personnalité affirmée et d’une voix si particulière, cette artiste n’a jamais eu peur de casser les barrières musicales, tout au long de sa carrière. Doté d’une puissance vocale impressionnante et d'un débit sidérant, il impose son style à chaque étape de son évolution
musicale.

Killa s’affirme ainsi en tant qu’artiste de scène : il en fera même son domaine de prédilection !
Il assure des scènes majeures : le Zénith de Paris, l’Olympia (à deux reprises, première partie de Sergent Garcia), les Francofolies de la Rochelle, la Nancy jazz festival, l’Elysée-Montmartre, la Villette, le Printemps de Bourges (à deux reprises)... Il joue également en Belgique, en Suisse, en Allemagne, au Soudan(AFAA/Culture France)....

Il démontre alors une capacité hors du commun à faire bouger et danser le public, ce qui lui vaut le respect de la scène rock, électro ou jazz.

Le disque "Addict" est une invitation au voyage, à l'amour et à l'espoir. Il exhale sans complexe les saveurs de l'IIe Maurice, pays de ses origines et y mêle des accents reggae, ragga, latino voir orientaux…

Killa est de retour, et comme le titre de l'album le précise, vous risquez fortement de tomber tous Addict 

Lien Bandcamp : https://killacarltoon1.bandcamp.com/



Interview - Psykick Lyrikah

 


Genre : Hip-hop, Electronique

"Qui rêve encore ? D’ailleurs qui en a le temps ?"

Fraichement sorti de l’album « Les Courants Forts » fomenté avec son néo-complice Iris, Arm revient quelques semaines plus tard avec un projet sous la bannière de Psykick Lyrikah. Et quel projet… Ce « Derrière Moi » est d’une autre nature, d’une dimension nouvelle, placé sous un signe différent. Avec cet opus, le MC Arm risque d’ailleurs de perdre une partie de son public, tant l’atmosphère est singulière dans l’approche artistique.

Composé de onze pistes, l’album est très homogène, et débute avec « Dans les temps », qui plonge dans l’ambiance pour le reste de la galette. Electronique. Premier mot qui s’impose. Les instrumentales sont, au-delà de l’aspect original, osées. C’est d’ailleurs ce qui détermine cet album : osé. Sans tomber dans les clichés, on flirte entre hip-hop-électro avec une grosse touche « grime », bien que je déteste le terme, et un rythme global assez lent, bien aidé par les rythmiques très sèches de l’album.

Arm, quant à lui, ne sourcille pas. Les textes sont toujours clamés avec cette ferveur qui lui est propre. On y plonge et on débarque dans son univers textuel lapidaire, nourrit, prompt à la réflexion et aux idées exaltées. Finalement, les deux morceaux déjà en écoute (« Jusque là », et « Qui ») sont peut-être les plus rentre-dedans de l’album. « Quelle langue » épouse elle aussi ce registre un peu direct et sans détour.

La mélodie reprend ses droits sur une autre piste, « Personne », et son rythme accentué par des synthés légers. Mais très vite, on plane, avec « Nos ombres », son beat effacé et ses longues trainées électroniques mélancoliques. Comme rarement, Arm se livre sans détour. « Parfois j’envie ces choses bien plus simples // J’aimerais les dire autrement parfois, mais les craintes sont sévères ».

Je sors de ma quiétude sur le dernier titre de l’album, « Derrière moi », et cette instru qui se rapproche plus d’un hip-hop traditionnel, bien que toujours dans la même veine que le reste de l’opus. Ce titre est par ailleurs à rapprocher avec le seul featuring de l’album, signé avec Iris, plus obscur que ce que l’on avait entendu sur « Les Courants Forts », mais aussi plus limpide en ce qui concerne l’association des deux MCs, qui devient l’évidence même.  Parfois, j’ai eu l’impression d’avoir à faire à un album plus sombre, plus abrupt, sur la totalité des pistes. L’impression d’une force vive qui s’est mutée en une sensibilité exacerbée via la musique en elle-même et les paroles qui l’accompagnent. Enfin, Arm pèse lourd avec des textes encore très profonds, caractéristiques du chanteur, qui malgré tout prennent souvent le dessus sur des instrumentales radicalement différentes.

Voici donc ce que j’ai pensé de cet album, qui n’a donc rien à voir avec le reste de la discographie de l’artiste. Pour aller plus en profondeur, Arm a eu la gentillesse de m’accorder un peu de temps pour répondre à mes questions. Interview.

  « On a sauvé nos rêves, on a craché nos peines, on a vu, rien compris, on a tué nos pères, c’est le son des éclairs »

 Adikt : Salut. Ce prochain « Derrière moi » sonne d’une manière radicalement différente avec ce que tu as sorti jusqu’ici, en tout cas au niveau instrumental. Etait-ce une volonté de changer les choses ? Créer différemment ?

 Arm : J'ai voulu bousculer un peu les automatismes, et revenir à une énergie plus rap, plus massive et plus brute. Je suis très fier de tous les projets précédents, mais je fonctionne en terme d'envies selon les périodes, là c'était cette esthétique vers laquelle j'avais envie d'aller. J'étais dans une période où je réécoutais beaucoup de rap, je voulais casser les quelques codes que j'avais construit et dégager le temps d'un album tout instrument, quel qu'il soit.

 Adikt : Cet album parait un peu « self-made » dans le sens où il n’y a qu’un seul featuring (avec Iris). Qui as-tu appelé en renfort pour les instrumentales ? Je crois aussi savoir que tu as fait appel à Reptile (NTM, Assassin, etc.) pour le mixage. Pourquoi lui ? Tu peux me raconter la rencontre ?

Arm: Pour les sons, j'ai tout produit, sauf "Jusque-là", qu'on a composé avec Tepr. Je n'avais pas bossé avec lui depuis la période d'Abstrakt Keal Agram, et j'ai toujours aimé sa façon de travailler. Même si ce qu'il fait aujourd'hui me parle moins, j'avais envie de lui demander un coup de main sur un titre, et vu les couleurs très synthétiques de l'album, c'était le moment idéal. Le titre est un de ceux dont on me parle le plus, en bien comme en mal, c'était exactement ce que j'attendais ! J'en suis très content, le groove hyper lent de ce morceau a quelque chose d'étrange. Pour le mix, j'ai contacté Reptile parce que j'avais plusieurs albums qu'il avait mixé et dont j'aimais le son. Je lui ai envoyé les disques précédents et la maquette de "Derrière Moi", on a passé une semaine en studio, de manière très cool, sans prise de tête. C'est un mec très talentueux et j'ai vraiment trouvé que c'était important de mettre sa participation en avant pour la sortie du disque, parce que c'est le "featuring de l'ombre" en quelque sorte.

Adikt : La totalité de l’album parait encore plus sombre que ce qu’on avait connu jusqu’ici (même si j’ai lu que tu pensais le contraire !), avec des thèmes abordés qui sortent de l’ordinaire. Quel message as-tu souhaité véhiculer dans cet album ?

Arm : Surtout aucun message…y'a pas vraiment de thème, ni de concept particulier sur ce disque, c'est juste des réflexions autour d'une période charnière de ma vie. Je ne me raconte pourtant pas trop, mais j'essaie de laisser une trace de moments de vie, comme d'autres le font en écrivant un livre, en peignant, etc.

Je ne voulais pas que ce disque soit perçu comme un disque sombre dans le discours, il y a des doutes, des réflexions un peu tristes sur des choses, mais ce qui est important, c'est toute l'énergie derrière. Le texte de "rien ne change"par exemple, c'est une putain d'ode à la vie, mais j'ai l'impression que peu l'entendent finalement. Tant pis. Moi je suis heureux de vivre, j'ai pas envie d'avaler des barbituriques comme je viens de le lire sur un blog. Si c'était le cas, je n'irais pas m'emmerder à sortir un disque tout seul et à aller donner des concerts en étant fier de faire la promo de mon travail. "Derrière Moi", c'est tout ce que je laisse de pesant pour mieux rebondir.

Adikt : Quels sont tes projets actuels et futur ?

Arm : En priorité promouvoir cet album sur scène, on est d'ailleurs en plein dedans, et commencer à se pencher sérieusement sur une suite de "Acte" avec Olivier Mellano. On finit aussi quelques dates du spectacle "Richard III" qui nous a pris pas mal de temps, il y a quelques autres petits projets annexes avec David Gauchard. Je suis aussi en train de réfléchir à d'autres projets de disques, et déjà au prochain album de Psykick…

Adikt : Un dernier mot ?

Arm : "Vive la vie" mais pour de vrai. Et merci à toi, comme d'habitude. Venez nous voir les 22 avril à Rennes et le 12 mai à Paris à la Maroquinerie pour du Psykick en mode marathon avec toutes les formules possibles, et la présence d'iris pour enfin du live des "courants forts "!

Neska 



Interview - Raoul Sinier

 


Raoul Sinier – Cymbal Rush / Strange Teeth & Black Nails + Interview (Oeuvre Records)

Genre : Electronique, Drill, Hip-hop, Musique sale, Autre, Divers

Terrasse d’un café. Je me bastonnais les oreilles sur le dernier World’s End Girlfriend. Une pure tuerie. J’attendais celui que l’on appelle désormais Raoul Sinier. Musicien, artiste numérique, vidéaste, réalisateur et maintenant chanteur, l’homme se fond dans la masse. Crâne dégarni, café, bière, moi qui lui clope à la gueule, la discussion part sur son boulot d’artiste. Puis elle dérive, lentement, vers la musique. Ce « Cymbal Rush » que les Adikt de Raoul attendent avec impatience. Impatient, je l’étais, de pouvoir en savoir plus. Tenir au creux de ma main le secret de ces mecs qui vous font vomir les oreilles de plaisir.

Le prochain EP, prévu initialement pour septembre, est repoussé plus tard (octobre, novembre...). Evidemment, on espère secrètement qu’un EP ne soit que les prémices d’un projet plus complet. « Ouai, l’album va arriver, surement en 2011, mais il n’est pas du tout encore prêt. C’est que le début. Et maintenant, je chante ! C’est assez différent, tu verras. Mais je change un petit peu ». La première bonne nouvelle vient de m’éclater à la gueule. Et mon petit sourire dissimulé passe inaperçu (?).

Mais puisque l’avenir est programmé, j’en reviens aussi sec au présent. Je vide une gorgée d’Orangina. Son café terminé, Raoul choisit une bière brune. Et la discussion part sur Thom Yorke. « En ce moment, je fais plein de reprises. Surtout pour chanter, tenter des choses nouvelles. Et ce label anglais m’a contacté, Oeuvre Records. Tu remarqueras qu’il n’y a pas de « e dans l’o » ! Et en fait, à ce moment là, j’avais rien de précis. Alors on a trouvé des trucs. Par contre, j’avais cette reprise de Thom Yorke. Ca leur a plu, et puis j’ai ressorti quelques morceaux ». Voila donc de quoi est fait ce futur « Cymbal Rush », dont le titre est tiré de « The Eraser ».

Alors on reparle graphisme, et Raoul me lance un de ces trucs que généralement, je ne comprends que quelques années plus tard. « T’as pas remarqué l’analogie avec la pochette de l’album de Thom Yorke ? ». Euh non… dis-je, penaud. Et effectivement, ça te crève les yeux quand t’y pense. « De toute manière, c’est eux qui sont venus me chercher. J’ai fait tout l’artwork. Je leur ai pas vraiment laissé le choix ». Mais au fait, c’est quoi ce label ? « Je suis allé écouter, y’a des trucs bien, d’autres moins bien ».

Et c’est quoi un truc bien (la discussion part en vrille…) ? Pour moi, c’est principalement quand ça m’arrache la gueule. Les musiques qui vous retournent le cerveau. Un peu comme quand on tombe amoureux : boule dans le ventre, crise de foie et sourire niais. Raoul semble approuver. « Moi, je vois toute la musique en noir et blanc, triste ou gai, lent ou rapide, simple ou compliqué… J’aime pas quand c’est pauvre au niveau de la compo. Même si c’est du Autechre, un bon morceau doit avoir une bonne composition ». Je le sais d’avance : il n’aimera pas que j’écrive ça. Parce que ce serait trop vite résumer la substance de son message. C’est l’émotion qui intéresse, pas le contexte. Alors Raoul reprend une bière. Et moi aussi.

« Tu vois, dans le hip-hop, ça tourne souvent avec une boucle sur tout le long du morceau ». Ok Raoul. Mais certaines fois, c’est efficace. « Ouai, c’est vrai aussi… ». De toute manière, je ne pourrais jamais résumer ce que Raoul, et probablement moi, avons voulu dire sur le moment. En tout cas, pas en quelques lignes. Et ton style ? « J’en sais rien. Electronique, un peu hip-hop… ».

J’attaque donc sur l’utilisation des samples. « Ces choses qui peuvent apporter à ta musique, vraiment, y ajouter des notes auxquelles t’aurait jamais pensé ». De toute manière, je voulais en venir autre part. Sur l’évolution. Cet écart de style constaté entre l’imprononçable « Wxfdswxc2 » (qu’il prononce parfaitement) et « Tremens Industry ». « Ca me fait plaisir de pas provoquer la même réaction chez tout le monde. La différence entre les albums, c’est simplement parce que j’avais pas envie de refaire ce que j’ai déjà fait. Même si je reste dans le même type d’émotions. Tu vois à un moment, j’étais trop enfermé dans le trip « Brain Kitchen », ou j’envoyais tout casser. J’ai mis du temps avant d’en sortir ». Et apparemment, la rapidité entre les sorties, c’est pas de sa faute. « Brain Kitchen » est sorti un an après sa finition. « Il y a eu un embouteillage, donc tout est rapidement sorti. Aujourd’hui, je suis revenu sur un débit un peu plus normal. A savoir un album tous les ans, un an et demi… Mais ça ne me gênerait pas de ne rien sortir pendant longtemps. La musique, je la fais quand je la sens. J’attends l’inspiration. Même si de temps en temps, je me force ». Pour le moment, nous, on se délecte. On n’appréhende pas. Et Raoul Sinier fait parti de ces artistes avec qui on évolue.

J’ai eu ce que je voulais : une bière, des clopes, des informations, une rencontre très sympa. Alors je lui laisse le dernier mot : « L’intellectualisation de l’art c’est la panique. Il faut mieux se suicider que de trop théoriser sur l’art. Ce qui n’empêche pas d’en parler longuement ». J’y réfléchis encore… « Mais c’est peut être pas le meilleur mot de la fin ! ».

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 Neska



Interview - J-Zen


 


Pour ceux qui ne se rappellent pas, J-Zen est ce petit prodo bien chez nous qui a gratifié l'an dernier de l'excellent "BREAKfast" sorti sur le petit label qui monte 'DOOINIT MUSIC

     

Jyuza pour 3H - Yo Zen, bien ou bien ?

J-Zen - Ça va, ça va.

3H - Bon, on arrive enfin à ce capter, j'ai grave mal gérer mon temps dernièrement, mais ce soir c'est la bonne.

J-Z - T'inquiète, j'ai aussi eu un mois d'avril et le début du mois de main un peu à l'arrache: taf, déménagement, promo et FESTIVAL !!!

3H - La carrière est carrément lancée, ça le fait. Alors raconte, "Guilty pleasure", lancé depuis le 3 mois dernier, qu'est-ce qui ce putain de passe concrètement ?

J-Z - Donc comme tu dis, il est sur plate forme numérique depuis début mars et il a été pressé en vynil aussi. La distrib' est arrivée après, mais putain: c'est un truc de fou. Déjà, la différence avec "BREAKfast" c'est qu'on avait plus de moyen. On s'est barré à Los Angeles pour le mixé. Pour le mix on a eu Dave Cooley, donc... LE MONSIEUR, quoi. Expérience de ouf...

3H - J'm'en doute...

J-Z - On débarque, nous les petits Rennais devant le gars qui a mixé 90% des abums Stones Throw. En plus, le feeling est trop bien passé.

3H - C'est vrai que le gars a l'air cool. On le voit dans le documentaire sur Wildchild, tu sens qu'il connait son taf.

J-Z - Trop... Et il a bien apprécier notre démarche: venir comme ça avec nos sons, dans son studio. On y a passé toute la première semaine. Il a fait un survol de ce que j'ai apporté et m'a dit que j'avais déjà fais un gros travail de mix. Le truc marrant est qu'il m'a demandé comment je voulais que mon album sonne, par rapport à ceux qu'il avait pu mixer. Genre, "Madvillain" ou "Lil' light", putain, je kiffe le cade contrôl.

3H - Qu'est-ce qu'il a pensé concrètement du HH version française et spécialement version rennaise ?

J-Z - Quand un mec me dit que je fais des instrus de ouf, c'est déjà un énorme compliment, mais venant d'un gars qui côtoie un fou comme Madlib, ben y'a pas de mot(s), quoi. Apparemment, il a vraiment kiffé sur la "Guilty theme". Une fois, alors qu'on était posés hors studio, il est sorti en courant et m'a dit que le son était 'vraiment malade'. Ça fait vraiment plaisir ! Et puis c'est aussi ce que je voulais, que le grain de mon son ne sonne pas comme certains des compatriotes. Puis bien sûr, il m'a apprit quelques p'tits 'tricks' au niveau du mixage.

3H - Bien ça, y'a eu un réel échange.

J-Z - Ouaip. À un moment, j'ai eu un coup de flippe; avec le morceau de Substancial, car je suis arrivé avec 2 pistes car j'ai eu un p'tit souci de sauvegarde. Là, il me dit "tu sais des fois Madlib arrive avec des trucs tellement à l'arrache que ça, c'est pas un problème".

3H - Putain, ça le fait ! Une fois rentré, la p'tite compagne de pub lancée, le produit sorti, quels ont été les retours ? 

J-Z - Du bon, quelques radios ont déjà passé des morceaux. Maintenant, on attend le gros des retours surtout de la part des distributeurs, car la distrib' a commencée depuis début mai. Pour l'Europe, c'est 'Pusher' qui s'en occupe. Au Japon, c'est 'Jazzy Sport'.

3H - Ouahh, si Jazzy Sport s'en occupe, c'est une bonne reconnaissance, ça !

J-Z - Trop. Et aux States, c'est Fat Beats qui gère. Pour en revenir à "BREAKfast", le label 'Root70lounge' a récupérer

3H - Cool mec, j'suis content pour toi.

J-Z - L'autre chose de bien avec ce label, c'est qu'ils ont plein d'artistes et 3 d'entre eux m'ont déjà sollicité pour des featurings. C'est en cours...

3H - C'est ça mec, le début de la gloire.

J-Z - Ouais, mais surtout j'ai un excellent staff qui gère bien et surtout qui croit en moi (et réciproquement). Et au fait, la tape sur Jay Dee, ça l'a fait ?

3H - Carrément mec. Plus de 500 téléchargements, je l'ai passé à mon taf, des gens ont saigné du nez et tout. Me demandant qui avait mixé.

J-Z - Le truc de fou, c'est que personnellement en production, je sais que j'ai du potentiel. Mais derrière les platines, je ne suis jamais convaincu et je mix vraiment à ma sauce, dans mon délire, sans technique.

3H - Le taf est propre, mec. En plus, mis en lumière par le fait qu'on a playlisté des morceaux qui font grave face B.

J-Z - J'ai passé le "Heavy" est soirée et y'a eu une queue de ouf pour savoir d'où il venait, ce son.

3H - Ah là là,  après ça se dit fans de Jay Dee. Suceurs de merde... 

J-Z - La deuxième partie de la tape va être fat. J'ai concocté une intro avec une instru que j'ai faite spécialement.

3H - J'te fais confiance :)

J-Z - J'peux faire un peu de promo pour le festival qu'on lance ?

3H - Je t'en prie.

J-Z - Pour commencer, il y a un site: Dooinit-festival.com. Entièrement mis sur pattes par le label 'Dooinit', pour proposer une alternative aux 'Transmusical' qui ont stoppé les programmations HipHop. Donc voilà, pour casser avec cette image qui voudrait que sur Rennes et ses environs, personne ne kiffe le vrai HipHop. Le festival est là pour prouver le contraire. Bien que Rennes reste une ville à forte consonance Rock, nous avons bon espoir pour ces premières dates.

3H - Les Trans', avaient pourtant une programmation assez hétéroclite...

J-Z - Oui, c'était même fou en HipHop. Le même soir j'y ai pu voir GangStarr, JayLib, 5 Deez, De La Soul... voilà quoi. Maintenant, ce n'est pratiquement que de l'Electro. Voilà pourquoi nous nous lançons dans l'évènementiel avec ce projet. On espère donner envie à beaucoup de monde avec tous nos invités: Kev Brown & LMNO en tête. De toute façon, pour tous ceux que ça intéresse, y'a juste à taper 'dooinit-festive' dans google et à se laisser guider. 

3H - Ben le message est passé, mec. Y'a plus qu'à te remercier pour ta disponibilité, t'encourager pour ta zik et vous souhaiter les meilleures choses possibles pour le festival.

J-Z - Je t'en prie. Merci surtout à HipHop Hourra qui nous soutient et qui nous pousse, puis bon, j'espère croiser quelques lecteurs du blogs durant le festival.

3H - Peut-être moi, qui sait. Merci encore mec, à plus.

J-Z - Peace.

Interview réalisé par Jyuza 3H.

https://jzen.bandcamp.com/album/guilty-pleasure

Interview - Donso

 


Donso – Donso + Interview (Comet Records)

Genre : Electro-pop malienne

Donso est un album de mélange. C’est surtout le side-project du producteur électro-hip-hop Krazy Baldhead, qui répond à quelques-unes de mes questions ci-dessous. J’ai été très agréablement surpris en écoutant ce disque. De par son mélange donc, ses influences multiples, les instruments utilisés… Le premier album éponyme du quatuor Donso est une sorte d’hybride, qui mixe des sonorités électro à de la musique africaine « traditionnelle ». Outre les musiciens, le groupe compte aussi le chanteur malien Gédéon, à la voix intrigante, surprenante. « Fascinante » me dit Krazy Baldhead, Pierre-Antoine Grison de son vrai nom. Bref, je n’en dis pas plus. Le premier titre « Mogoya » est d’ores et déjà en écoute sur le MySpace. Et le teaser de l’album après l’interview.

Adikt : Tout d’abord, est ce que tu pourrais m’expliquer un peu comment est née la formation Donso, et depuis quand ? De qui est-elle composée ? Comment les choses se sont déroulées en somme ?

Krazy Baldhead : Le projet est né de la rencontre avec mon ex-voisin de palier, Thomas Guillaume. Je l'entendais jouer d'un instrument bizarre aux sonorités africaines à travers les murs. Apres avoir fait connaissance, nous avons essayé de voir ce que nous pouvions faire ensemble. Son instrument était le Donso N'Goni, un croisement entre une harpe et une contrebasse... Nous avons fait notre premier concert (non-officiel) en 2004, au moment ou je signais sur Ed Banger. A l'époque notre musique allait du trip-hop à la drum'n'bass... Il nous a fallu quelque temps pour trouver la bonne formule, à savoir rester proche de la musique Malienne, mais en apportant des sonorités plus electro. Au fil du temps se sont ajoutés Gédéon Papa Diarra, un chanteur Malien à la voix fascinante, et Guimba Kouyate, qui joue de la guitare, du n'goni et du tama.

Adikt : Comment en es-tu arrivé à t’investir dans ce projet ? Des affinités particulières avec la musique africaine ? Qu’est ce qu’il t’apporte par rapport à un projet en solo (je pense bien sur à The B-Suite, que j’ai particulièrement apprécié…) ?

K. B. : J'ai toujours été attiré par toutes sortes de musiques, et j'ai vécu en Afrique du Sud. Écoutant beaucoup de jazz, la musique africaine n'a donc jamais été très loin de moi. Je pense que ça se sent aussi dans mes compositions en solo. Le fait d'être en groupe et de faire quelque chose de plus musical m'apporte une sorte d'équilibre, justifie en quelque sorte mes expérimentations solo. Et puis des fois ça fait une bouffée d'air frais de pouvoir passer d'un projet à l'autre, ça permet de s'aérer un peu les neurones...

Adikt : Comment définirais-tu le style de Donso ? J’imagine qu’on parle plus de mélanges de différents « styles » de musiques…

K. B. : Moi je dis que c'est de l'electro-pop malienne, mais ça va probablement plus loin. Il y a aussi de la trance dedans (au sens "tribal", pas au sens Tiesto). C'est bien sur un mélange de genres, mais ça colle quand même pas mal au format pop puisqu'on retrouve la voix de Gédéon sur la plupart des morceaux. Et le Donso N'Goni apporte cette touche acoustique traditionnelle assez fascinante, le tout produit avec des sonorités plus actuelles. La guitare se situe au milieu de tout ça, avec un son acoustique, mais la façon de jouer de Guimba est presque robotique, du coup des fois on ne sait plus trop ce qui est programmé et ce qui ne l'est pas.

Adikt : Comment s’est déroulée la conception de l’album, et où ?

K. B. : J'ai conçu tout l'album dans mon home-studio au fil des ans, par retouches successives entre mes prods pour Ed Banger. Nous nous sommes vus régulièrement avec les autres membres du groupe jusqu'à ce que nous soyons prêts. Puis nous avons bouclé l'album assez vite. Il a été mixé par Lucas Chauviere un ingé son talentueux à qui le grand écart électro-malien ne faisait pas peur.

Adikt : J’ai vu que vous étiez signé chez Comet Records. Pourquoi ce label ? Pourquoi pas Ed Banger d’ailleurs (Krazy Baldhead est signé chez Ed Banger quand il travaille en solo, ndlr) ?

K. B. : Comet correspond parfaitement à ce projet: à mi-chemin entre musique traditionnelle africaine, électro, sonorités expérimentales. Quand nous nous sommes rencontrés avec Eric, le courant est tout de suite passé. A vrai dire, je ne vois pas trop ce qu'un projet comme ça ferait chez Ed Banger, et Pedro Winter est de cet avis. Il n'y a pas d'histoire de concurrence, c'est plus une histoire d'affinités...

Adikt : Quels sont tes projets solos en cours / à venir ?

K. B. : D'abord avec Donso nous allons décliner notre musique en live, et je pense que ce sera une expérience rafraichissante, un vrai mélange acoustique/électronique, musique programmée/jouée. Parallèlement, je prépare un nouveau maxi chez Ed Banger, et j'ai quelques remixes en attente de sortie, vous devriez en entendre parler d'ici peu si tout va bien. Je ne compte pas m'endormir en tout cas!

Adikt : Un dernier mot ?

K. B. : Merci !

Neska



Interview - Tribeqa

 


Tribeqa – Qolors + Interview (Underdog records)

Genre : Tribal, Hip-hop, Instrumental,

Cette annonce tombe à pic. Le soleil daigne enfin pointer le bout de son nez après de longs mois d’absence, et le prochain album de Tribeqa sera une douceur sucrée parfaitement adaptée pour se délecter d’un temps pareil. Souvent dans ces colonnes, j’essaie de multiplier les genres ; éviter de stigmatiser une musique, de la ranger dans une catégorie bien prédéfinie. Tribeqa est probablement le groupe à qui les qualificatifs ci-dessus collent le plus. La musique est bel et bien « world », de par ses featurings, ses influences, ses références, ses instruments. Elle est principalement « instrumentale », très « hip-hop » dans ses rythmiques, jusqu’au DJ et ses nombreux scratchs. Elle est aussi « tribale », symphonie parfaite de sonorités rares et délicieuses. J’aurai d’ailleurs pu rajouter bien adjectifs (nu-jazz, soul…), sans jamais réussir à être exhaustif. Tribeqa est donc un mix parfait de tout cela. Une sucrerie qui vous redonne le sourire, qui fond dans les oreilles. Le groupe nantais vous propose un voyage de l’Inde jusqu’en Afrique en passant par Cuba. Préparez vous à une croisière acoustique rarissime.

Pour Adikt, le leader du groupe, Djoss qui est aussi le balafoniste, a répondu à quelques-unes de mes questions.

Adikt : D’après ce que j’ai pu lire à droite à gauche, il y a eu quelques changements au sein du groupe depuis le dernier album. Je crois savoir que Greem a laissé les platines à DJ Djo ? Pourquoi ? C’est le seul changement ?

Tribeqa : En effet, la formation initiale de Tribeqa (balafon, contrebasse, guitare, batterie) à évoluée en 2006 à l’occasion de l’enregistrement du premier album. Dj Greem à commencé par poser sur l’album avec Magik Malik, et nous a suivit sur le début de la tournée en 2007 ; très vite, Hocus Pocus a commencé à jouer de façon très intensive et Greem nous à conseillé de travailler avec Dj Djo. Au même moment, Jeff passait de la contrebasse à la Baby Bass (une sorte de contrebasse électrique !) et nous avons accueillis Etienne à la guitare et Albert au son. Depuis début 2008, nous avons réussi à garder la « Dream Team » et tous ces changements ont permis au live de gagner en énergie, une très belle évolution pour ce groupe et sa musique.

Adikt : Que va apporter « Qolors » par rapport au précédent album, en termes de musique bien entendu ?

Tribeqa : Ce deuxième album affirme l’identité du groupe sur sa couleur sonore et son énergie. Il est moins jazz, plus hip-hop et world, les compositions et les arrangements sont plus aboutis. Les morceaux ont suivis l’évolution du live qui à considérablement gagné en efficacité au fur et à mesure des tournées. Les platines ont une plus grande place, et les grooves basse-batterie sont plus puissants. Certaines mélodies nous amènent en Amérique du Sud, en Afrique, aux USA, en Europe de l’Est. On a cependant gardé la couleur caractéristique du groupe, son aspect cinématographique. Puis l’alternance de passages mélodiques, d’ambiances et de grooves.

Adikt : On avait qualifié le premier album de « afrhiphopjazzmusiq ». Votre musique s’est elle encore un peu émancipée ?

Tribeqa : D’un coté, la musique a gagné un coté rock dans l’énergie, les sons et les effets employés, les boucles lancinantes, puis un jeu très rythmique nous ramène un aspect Tribal. D’un autre, les passages calmes et presque romantiques sont appuyés par des arrangements classiques (violoncelles et chants lyriques…) mais aussi jazz (trompette, sax, trombone…). Notre musique a évoluée vers une sorte de « Tribal-Hiphop-instrumental », mais c’est toujours aussi difficile à définir précisément et de le faire rentrer dans des cases !

Adikt : Je peux avoir quelques précisions sur les invités de « Qolors » ? Qui sont-ils ? Pourquoi eux ? Comment ont-ils été choisis ?

Tribeqa : Sur ce deuxième album, nous avons décidé de mettre en avant des artistes pleins de talents et peu connus du grand public, nous voulions diversifier les featurings. Nous avons rencontré Blake Worrel (originaire de Los Angeles et maintenant à Berlin), quand nous faisions la première partie des « Puppet Mastaz » près de Lille, une belle rencontre humaine et artistique qui nous à amené à l’inviter sur un titre de « Qolors ». J’ai enregistré Kadi et Wamian lors d’un voyage au Burkina Faso. L’idée de croiser des raps en langue Dioula (wamian) et des textes anglophones sur un même album nous plaisait bien. Kadi est une griotte (chanteuse traditionnelle africaine) et aussi une danseuse exceptionnelle. Mauikai viens de Miami, nous l’avons rencontré sur une tournée en Suisse, elle rap et chante en anglais et en espagnol. Sa voix se complète bien avec celle de Kadi, d’où l’idée de les croiser ainsi que les différents langages (anglais, espagnol, dioula) sur le morceau « Phatz ».

Adikt : J’aimerai beaucoup avoir la liste des instruments qu’on pourra retrouver dans ce prochain album. J’imagine qu’on retrouvera encore le balafon chromatique, guitare, contrebasse et guitare ?

Tribeqa : Voici la Liste complète des instruments et des voix sur Qolors : 2 Balafons Chromatiques, 2 vibraphones, batterie, baby bass, basse électrique, contrebasse, guitare classique, guitare électrique, guitare Folk, 12 cordes, platines, scratchs, samples. En ce qui concerne les featurings d’instruments : Trombone (Djoss), trompette (Geoffroy), tuba (Vincent), sax barython, sax alto et sax tenor (Patrick) et violoncelle (Paul). Et pour les percussions : -Accessoires: Shaker, oeufs, guiros, -Métaux: Crotales, cymbalettes, shimes, cloche mambo, triangles, Tube de métal, Pupitre, couvercle de casserole, cloches, balais sur plaque métal, tambourin, flexaton, - Bois: planches de bois, woodblocks, balais, -Les peaux: 3 duffs, congas, tambour bata, -Les autres: balais sur caisse, cannettes de bières, clap.

Adikt : Un dernier mot ?

Tribeqa : Pour terminer je dirais juste que nous sommes très fier de ce deuxième album ! Et que nous espérons qu’il sera diffusé, écouté (et j’espère apprécié !..) par le plus de monde possible. N’hésitez pas à nous laisser des commentaires sur le MySpace du groupe ! Neska Note aux curieux, et aux impatients : vous trouverez des informations sur le balafon chromatique en cliquant sur ce lien, mais vous pouvez aussi déjà apprécier « Qolors »

Neska



The Jazz jousters - I'll Wind the Jazz jousters

 


Une très bonne découverte avec les sessions de The jazz jouster sur le label Millennium Jazz, collectif de Dj anglais, qui sample et rendent hommage aux pointures du jazz, le résultat est convaincant, pour cette session fin Octobre ils réinterprètent des standards de Milt Jakson. Après Thelonius Monk et Ella Fitzgerald, Miles Davis, Bill Evans...

En écoute et offert directement sur Bandcamp :

http://millenniumjazz.bandcamp.com/album/ill-wind-the-jazz-jousters

Ground Up - Supernatural

 


Ground Up met à disposition leur dernière mixtape en téléchargement gratuit, de bonnes instru de bons Feats, bref une bonne surprise!

Téléchargement gratuit sur Datpiff :

https://www.datpiff.com/Ground-Up-Supernatural-mixtape.397278.html

En écoute ci-dessous



Elaquent - Parallel

 


Sortie du nouvel EP 'Parallel' du beatmaker/producteur Elaquent. Vous pouvez vous le procurer directement dur Bandcamp au prix de 5$, à noter qu'il y aura aussi une sortie vynil en sortie limité au prix abordable de 12 $.

En écoute ci-dessous

http://urbnet.bandcamp.com/album/parallel

la video du titre 'in this style 10-6' en duo avec Evil Needle.



The Doppelgangaz - Doppic of Discussion

 


Le duo The Doppelgangaz continue à distiller des EP instru sur le net, Doppic of discussion est le dernier arrivé, avec un 6 titres bien dans l'univers du groupe, on y retrouve même un sample du Francoise hardy.

Disponible sur Bancamp au prix de 6€

http://thedoppelgangaz.bandcamp.com/album/doppic-of-discussion



TAKANA ZION - KAKILAMBE

 


label : RKF Productions

Promotion ; Iwelcom  

La sortie d’un nouvel album de Takana Zion est toujours un événement. Artiste imprévisible, Takana avait surpris avec son dernier album jamaïcain « Rasta Government », il revient ici avec un projet musical différent, riche de créations et de mélanges des cultures : « Kakilambe ». Du reggae à la musique traditionnelle ou encore à l’électro-africanism, « Kakilambe » est un projet aux influences très diverses : reggae, dub, digital, musique du monde, rock, dancehall, club... Cet Album a été réalisé entre Conakry (Guinée) et Paris (France) avec le producteur et compositeur Dj Redeyes et plus de dix musiciens de talent. L’album rassemble différents univers musicaux que Takana Zion marque de son empreinte vocale unique. Entre musique, danse et percussions, « Kakilambe » met une fois de plus en musique quelques unes des nombreuses richesses de l’Afrique et de la Guinée. L'union entre reggae et musique traditionnelle africaine est dignement célébrée et parfaitement réussie, comme en témoignent d'ailleurs les deux feat de l'album, avec Aïcha Koné, dame de la chanson africaine, et Sizzla Kalonji, star du reggae jamaïcain. Un album pour danser mais aussi à écouter pour sa richesse musicale qui s'exprime par la puissance des percussions en passant par les sons éléctro. Cette complexité est le fruit du travail des dix musiciens, entre autres Syland Kutchie, Rico, Alsey Conté, Kyderone, Yann Dakta, Dj Redeyes. Takana Zion confirme encore une fois la portée internationale de sa musique et de son message, en chantant les 16 chansons de son album en sa langue maternelle, le soussou, en anglais et en français. Sa surprenante force créatrice lui a permis de composer ses morceaux en seulement 16 jours dans son pays natal, la Guinée Conakry. L'album a été enregistré au Studio Kanamacina grâce à la collaboration de Dj Redeyes, venu sur place pour l'occasion. L'arrangement et le mixage de l'album ont été réalisés à Paris dans les mois suivants par Dj Redeyes au Studio Rkf. Le premier clip déjà disponible Emmanuel, aux sons dancehall, sera suivi par deux autres singles extraits de l'album : Assali feat Aïcha Koné, plus roots, et Aminata, plus proche des polyrythmies africaines. Le retour de Takana Zion en France est prévu pour le printemps 2013 à l’occasion d'une tournée de présentation de son album. Plus qu’un nouvel album, c’est un voyage musical inédit que Takana Zion propose. Biographie Takana Zion est né le 30 juin 1986 à Conakry (Guinée). Dès son plus jeune âge, il s’intéresse à l’Histoire et se sent concerné par les inégalités qui rongent le monde. Il prend conscience que l’association du verbe et du son constitue une arme puissante et décide de s’en servir. Il intègre le milieu du rap et du dancehall guinéen où il se fait très vite connaître. Après avoir beaucoup écouté des artistes comme Peter Tosh ou Joseph Hill (Culture), Takana Zion sait que c’est vers le reggae qu’il souhaite aller. Il décide alors d’exprimer toutes ses convictions sociales, culturelles et spirituelles par le biais de cette musique. Le jeune chanteur part ensuite au Mali rejoindre Brother Sam - un doyen des rastas ghanéens - avec le désir notamment de faire de nouvelles rencontres. C’est à Bamako qu’il se fait une culture reggae, passant en revue tous les classiques qu’il trouvait chez le disquaire. Il affine sa voix puis fait la rencontre de Tiken Jah Fakoly, lequel décèle en lui un vrai talent et décide de le prendre sous son aile. Takana enregistrera l'équivalent de deux albums avec le chanteur ivoirien. Petit à petit, il gagne en maturité et décide de partir au Ghana, en passant par le Burkina où il fait la rencontre du Jamaïcain Makkalox, guitariste et meilleur ami de Pierpoljak. Ce dernier lui confectionne un riddim sur mesure pour le titre Zion Prophet. Ce fut le point de départ de la naissance du premier album de Takana Zion. Il se produit régulièrement sur scène en Afrique, ce qui lui permet de se faire une petite réputation et il est alors très rapidement surnommé « le Sizzla africain » en référence à son style singjay et à sa puissance vocale incroyable. À Bamako Takana rencontre aussi Manjul, qui, installé dans son studio Humble Ark à Bamako, l'invite sur son album Jahtiguiya. C’est Manjul qui réalisera son premier album Zion Prophet enregistré fin 2006 à Bamako. De retour en France, Takana veut maintenant faire plus ample connaissance avec le public hexagonal afin de préparer l'arrivée de son album. On lui présentera des artistes incontournables comme les Jamaïca All Stars. Zion Prophet, sort en France en juin 2007, produit par le label Makafresh (Makasound). L’occasion pour Takana de se produire partout, en France comme en Afrique accompagné de Manjul et son groupe, le Ark band.Pour son deuxième album, il s’associe une fois de plus à Manjul et rassemble une jolie pléiade de musiciens reggae en studio à Paris. Pour toucher au plus juste à l’essence de ses compositions, en fonction des sensibilités des musiciens. Chantant aussi bien en soussou, malinké, peulh, anglais ou français, l’artiste de 25 ans cisèle ainsi un album solide, aussi mûr dans ses textes que dans ses interprétations, l’album sortira en mai 2009 Rasta Government : Takana Zion opère un « virage en jamaïcain» pour le plus grand bonheur des amateurs de Reggae. Enregistré chez Harry J à Kingston, cet opus véhicule une vibe particulière, accentuée par la présence de musiciens légendaires (Sly Dunbar, Dalton Brownie, Robbie Lyn…). La Jamaïque réussit bien à Takana qui ne renie pas ses origines guinéennes pour autant ; sa voix aigüe teintée de vibratos rappelle l’Afrique à chaque morceau et l’artiste continue d’utiliser son dialecte natal, le Malinké. Le titre de l’album en dit long sur l’ensemble des textes qui le composent : le jeune guinéen réaffirme ici plus que jamais sa foi en Rastafari.C’est aussi sur cet album qu’on découvre une fabuleuse combinaison avec Capleton sur le titre Glory.


7even Sun - Sun!

 


Nouvelle sortie pour le très actif producteur 7even Sun, un Ep intitulé 'Sun!'

Son Ep est entierrèment produit maison sur son label 'Number 24 Records', disponible en téléchargement gratuit ou sur donation (plus que conseillé pour continuer à soutenir ) sur l'incontournable plateforme Bandcamp :

http://7evensun.bandcamp.com/album/sun 

EP Rone - Tohu Bohu


Rone – Tohu Bohu (InFiné)


Genre : Electronique, Electronica

Rone reste et restera pour moi l’homme qui en un album et quelques EP a mis tout le monde d’accord. Ni plus ni moins. Ecouter son deuxième album légèrement avant la sortie fut pour moi un réel privilège. L’attente a été longue depuis l’année dernière et son dernier EP « 
So so so », même si ce dernier nous a déjà bien fait patienter. J’ai salivé en attendant ce nouvel opus, je l’ai imaginé dans ma petite caboche, j’en ai presque rêvé et finalement, c’est par courrier que le graal est arrivé dans son enveloppe kraft alors que je rentrais un soir, maussade, du boulot. La pochette du disque est à l’image de son contenu. C’est peut-être ça que Rone a cherché à insuffler dans cet album, profondément sentimental, plein de vastes balades électroniques : forcer l’auditeur à n’être qu’un passager qui contemple de toute sa petitesse une immense tour d’ivoire futuriste où l’artiste, réfugié au dernier étage, distille ses mélodies comme le prêtre dicte son sermon à la messe.

Avant même la sortie de ce nouveau disque, Rone avait aussi réussi quelque chose de très rare dans la musique : en quelques morceaux, peindre un nouveau style qui lui est entièrement propre, se forger une identité reconnaissable entre mille, produire son « son », le sien, son précieux. Cette prouesse est de nos jours un véritable talent, un signe ultra-particulier qui ne trompe pas, même si l’on a souvent parlé de Boards of Canada, voire de Plaid ou même Nathan Fake par moments, en guise de comparaison. Moins mainstream qu’un Burial qui a insufflé un genre musical depuis assez largement repris, le fascinant Rone conserve son originalité dans un « Tohu Bohu » (définition : grande confusion, grand désordre généralement accompagné de beaucoup de bruits discordants) qui finalement, n’en est pas vraiment un.

« Tohu Bohu, c’est mon chaos apprivoisé, organisé et fixé sur un disque », explique-t-il dans le communiqué de presse que pour une fois, j’ai pris la peine de lire. Derrière la pochette qui laisse songeur, le disque s’ouvre sur une piste, « 
Tempelhof », qui a tout de la vraie introduction. Mise en lumière ; les acteurs entrent sur la scène, saluent, se présentent. Je serais votre hôte le temps d’une galette qui court sur un peu moins d’une heure. Le son monte tranquillement, sans se presser, les premiers claviers résonnent nonchalamment sur une mélodie légère ; la magie s’interrompt parfois pour laisser plus d’espace au beat, à un espace qui s’étend lentement, où les échos volent, s’étalent pour mieux relancer la mélodie. Je flotte en apesanteur sur la fin de ce morceau qui laisse déjà penser que la suite sera parfaite. Quelques notes rebondissent pour mieux enchaîner avec « Bye Bye Macadam », l’une des pistes monumentales qui à elle seule mérite l’achat du disque. Rone s’amuse avec un premier rythme syncopé qui, comme souvent d’ailleurs, débute doucement pour grimper dans les décibels. Sample de voix ultra-répétitif, claps mesurés, secs, sur fond de bruissements électroniques plutôt discrets. On se demande comment Rone va nous emmener au septième ciel et comme il en a le secret, le producteur arrête presque tout en plein milieu de la piste, puis repart sur ses fondamentaux pour mieux relancer une musique qui s’envole littéralement, calée sur les claviers de départ. Peu à peu, les notes t’emmènent loin, avec une nouvelle mélodie qui tente de s’imposer en fond, le tout créant une sorte de tunnel profond et dansant en même temps, alors tu souris comme un con en te disant que ouai, putain, ce disque a démarré super fort.

Après deux morceaux finalement composés un peu de la même manière, on se demande ce que va donner « 
Fugu Kiss », piste plus discrète, moins tapageuse, plus « warpienne » dans l’âme mais surtout où Rone prend son temps, déballe une artillerie de sons électroniques qui volent et éclatent un peu partout autour de tes oreilles. Tu es comme un mec perdu au milieu de l’autoroute que les voitures frôlent en roulant à 140 km/h, vent dans la gueule et bouteille vide dans la main, hagard, qui frémit sur des gémissements de machines électroniques violées après avoir été droguées au GHB. Perdu, je suis un peu perdu dans cette piste qui s’étire et à tout du morceau idéal pour VJ tant l’aspect « visuel » est criant. C’est l’impression d’un lendemain de fête, tête lourde, qui est à prendre comme une sorte de transition conceptuelle, mais qui se laisserait bien écouter en rêvant sur un dancefloor aux alentours de 5h du mat’. Un peu bourré, on va se laver la tête sous les étoiles ; ce qui tombe farouchement bien puisqu’on tombe sur « La Grande Ourse », piste parfaitement contemplative, berceuse colorée. Ici aussi l’auditeur prend des coups de semonces électroniques qui sortent d’un peu partout. Le morceau glisse entre moments forts et accalmies bien accompagnées par des voix d’enfants qui semblent jouer à contempler la voute céleste. On se retrouve comme le personnage de la pochette, à contempler un monument magique, plein de scintillements magnifiques. Tout est calme, le monde peut se rendormir.

Un peu décontenancé par le précédent morceau qui met presque dans un état de béatitude, « 
Beast », pour moi un des meilleurs morceaux du disque, rappelle que Rone est un artiste polyvalent, capable de jouer sur plusieurs registres. Pourtant, ce morceau décolle d’une manière typiquement Ronesque, prend son temps pour monter en puissance avec un synthé qui semble très avenant. Et en un deux secondes à peine, à 2 minutes et quelques, renversement total, Rone s’éclate sur une prod que l’on jurerait sortie du dernier album d’un rappeur US, sorte de grime-électronique qui se mue toutefois en tout autre chose. Atmosphère lourde ; la nuque est déjà en action sur un beat qui va encore feindre de changer, avant de finalement repartir. On est ni dans le hip-hop-hype, ni dans rien du tout finalement, peut-être dans une sorte d’abstract-hip-hop du troisième millénaire. OVNI en vue, merde, WTF ?! La basse est de plus en plus lourde, on suffoque, rie, pleur, tout ça en même temps, avant que le morceau ne s’éteigne lentement pour s’ouvrir sur - logique ultime - le featuring tant attendu avec High Priest, un des quatre piliers d’Antipop Consortium. Qui de mieux que l’un des membres de ce qui est peut-être à jamais l’un des plus grands groupes de hip-hop alternatif du monde ? Personne. « Let’s Go » n’est peut-être pas la piste la plus fabuleuse du disque, mais elle met pour l’une des premières fois en perspective les capacités du producteur à faire intervenir un tiers. Après « Bora Vocal », la plus grande réussite musicale de Rone parue sur le premier album et accompagnée du journal audio d’Alain Damasio, l’artiste nous comble. Le hip-hop-électronique n’est pas mort, et un album entier entre ces deux protagonistes semble déjà incarner l’adéquation quasi parfaite.

On ressort de cette collaboration un peu essoufflé, conquis, tant par le flow du MC toujours aussi parfait que par la prestation du compositeur. Mais Rone nous a encore mitonné un bijou, une perle au nom étrange de « 
King of Batoofam », qui rappelle un peu les meilleurs moments de l’artiste sur son premier « Spanish Breakfast ». Pourtant, la piste est plutôt linéaire. Mais Rone sort le grand jeu, ses synthés, ses notes savonneuses, ce son spatial qui lui est si propre comme je l’expliquais en introduction, cette impression que tout se lisse, tout s’imbrique comme des Lego, pour former un château magnifique, époustouflant. « Parade », qui suit immédiatement, a déjà été largement commentée puisque qu’elle est disponible sur le Web (et ci-dessous) accompagnée de son clip. Cette embardée lunaire est elle aussi une des grandes réussites de l’album.

Depuis l’ouverture, ce disque est bien maîtrisé, parfois un peu inégal, mais toujours réfléchi. Rone sait où il va, et ce n’est pas un hasard si le deuxième et dernier invité du « Tohu Bohu » est un confrère, violoncelliste touche-à-tout, Gaspar Claus. D’emblée, on sent la présence de ce dernier, sur ce morceau beaucoup plus « épique », qui mêle une sorte de mélodie symphonique avec des nappes électroniques de plus en plus envahissantes. Une musique de film, presque : comme si le Loup du Nord de Game of Thrones levait son épée après avoir renversé l’insupportable roi Joffrey. Un moment de grâce totalement… épique. Il n’y a pas d’autre mot. Enfin, « 
Lili…Wood » vient clore cet album. Piste la plus courte de l’album, elle résume les neuf précédents titres, joue sur un registre chaloupé et mélodique, électronica-contemplatif, évoque un melting-pot de sentiments, qui s’éteignent sur un léger vent électronique. Puis, plus rien.

Comme Rone nous y avait déjà habitué, « Tohu Bohu » est un disque plutôt court, qui passe d’une traite, comme une grande gorgée d’eau après l’effort. Et, si tout l’album n’est pas entièrement éblouissant (il manque surtout selon moi des moments plus « cathédralesques »), la grande majorité des pistes sont réellement géniales. Parti l’année dernière s’exiler à Berlin, le disque n’a rien d’un plagiat de techno-berlinoise. Rone nous montre même à quel point il peut s’inviter sur d’autres thèmes que ceux qu’on lui connaissait déjà. Voici donc un deuxième grand disque, plus personnel, plus profond. Alors, bravo. Et merci.

Neska

Lien Bandcamp 

https://rone-music.bandcamp.com/album/tohu-bohu