Genre
: Hip-hop, Divers
Peut-être
est-ce le retour des beaux jours. Ou l’arrivée du printemps. Ou
les deux. Ou peut-être est-ce parce que 2012 est l’année de la
fin du monde (oui, B-Real featuring Larusso, ou le calendrier Maya,
c’est selon). Enfin, on pourrait trouver de multiples raisons à
cet étrange phénomène actuel, qui voit renaître plusieurs groupes
et/ou producteurs principalement hip-hop que le temps avait presque
failli par nous faire oublier. Je pense notamment à Radioinactive,
qui fait de la lèche avec ses premiers morceaux, et notamment celui
sur l’instru de Thé à La Menthe, de La Caution. On peut fouiller
et en trouver d’autres, mais celui qui m’intéresse ici n’est
autre que Blockhead, celui-là même qui a fait rêver le jeune homme
que j’étais voici maintenant plus d’une dizaine d’années.
Pour
ceux qui ne seraient pas familiers avec ledit producteur, peut-être
que les noms des artistes avec qui il a collaboré, Aesop Rock, Slug,
Murs ou Mike Ladd, vous parleront plus. On peut aussi parler des
écuries Mush Records, Definitive Jux ou Ninja Tune, qui évoqueront
probablement encore plus. Bref, pour la faire courte, Blockhead est
un des producteurs américains les plus doués de son époque, à
ranger à côté de quelques autres illustres bidouilleurs sonores,
DJ Shadow, RJD2 et consorts.
On
est donc forcément interloqué quand Blockhead annonce un nouvel
album, bien que le précédent « The Music Scene » date de 2009
seulement. Je suis tout de suite interloqué par le titre de cette
nouvelle galette, « Interludes After Midnight », puisque les
musiques n’ont rien d’interludes… Chacune est créée dans la
procession habituelle des rythmiques, sensations et mélodies hip-hop
de pure tradition ; seules trois pistes sur douze durent moins de 5
minutes (même si aucune ne dépasse 6 minutes).
Il
apparaît en fait qu’« Interludes After Midnight » était une
émission de télévision, aux Etats-Unis, que regardait sagement
Anthony « Tony » Simon alias Blockhead. Et on comprend donc assez
rapidement comment et pourquoi l’album semble empli de multiples
samples caverneux, de synthés aux mélodies impeccables, de lignes
de basse mortelles et autres joyeusetés. Le producteur explique
lui-même que cet album est une ode à l’époque des cassettes, des
VHS. Une plongée vive et longue dans un monde où les téléphones
servaient à téléphoner, où le Minitel faisait office de
révolution, où Playboy remplaçait YouPorn, et où les petites
annonces des journaux palliaient à Meetic.
Voilà
pourquoi on retrouve sur cette galette un entraînant air de groove,
un sous-bassement funky éloquent et délectable à souhait, sans
oublier ce brin de nostalgie transmis comme par magie, de manière
totalement intrinsèque. Je brode, sans réellement parler de l’album
en lui-même. Même si finalement, c’est peut-être sa force :
l’émotion pure.
Neska